CE extraordinaire du 5 mai 2015 sur la grille de rentrée

DANGER POUR NOS PROGRAMMES REGIONAUX

La direction, dans un message aux salariés, prétend que la grille est reconduite à l’identique. Un petit tour de passe-passe, un bel exercice de langue de bois qui tord la réalité car si la grille ne bouge pas sur le papier, les programmes qui la composent vont eux être impactés. Rediffuser une émission pendant 4 mois peut-il être vraiment considéré comme un maintien ? La refonte du traitement de l’information de proximité dans les métropoles urbaines avec moins de moyens est-elle une reconduction à l’identique ? A l’évidence non. Il s’agit simplement de la traduction du nouveau plan d’économie sur les ETP qui vient directement menacer les contenus de nos grilles régionales et l’activité dans nos antennes et à la filière production et disons-le clairement, qui supprime les locales intégrées dans leur forme actuelle, celle qui leur donnait leur identité et qu’appréciaient nos téléspectateurs.

Seule nouveauté de la rentrée, l’émission matinale passe en quotidienne les lundi, mardi, jeudi et vendredi mais sur les deux plaques correspondant aux périmètres des nouvelles régions. Ne cherchez pas la proximité, vous ne la trouverez pas.

Initialement lancée pour « coller » aux territoires des antennes, la direction tourne déjà le dos, dés le premier virage, à cet objectif pourtant défini par le rapport Brucy comme dans le projet de notre futur P.-D.G. On peut ainsi lire page 18 du projet stratégique de Mme Ernotte présenté devant le CSA à propos du réseau régional de France 3 : « Sa spécificité liée à la puissance de son réseau territorial et aux décrochages locaux doit être mise à profit de manière cohérente, en privilégiant les programmes de proximité répondant aux attentes des téléspectateurs. […] Une place beaucoup plus importante doit être donnée à l’actualité locale. Cela concerne les services de proximité, les actualités culturelles. »

Mais la logique polaire et ces programmes sur de grands périmètres, chers à notre direction de pôle, est toujours à l’œuvre.

Faute de moyens donc, ce seront deux émissions et non 5. Et la direction a encore le plus grand mal a expliqué comment elles seront fabriquées : émissions tournantes ? localisation sur un centre et contribution des autres ? 26’ ou 52’ ? Le problème n’est pas éditorial, il est économique.

Y aura t-il un réalisateur sur ces émissions ? Réponse en chœur des représentants de la direction : NON ! La CGT prévient : à la rentrée, soit il y aura un réalisateur sur ces émissions, soit la négociation sur les compétences complémentaires des techniciens vidéos aura été bouclée (ce qui est loin d’être le cas à ce jour !). Sinon il y aura conflit !

Quid de l’utilisation de nos grands plateaux à Toulouse, Limoges et Bordeaux pour ces émissions ? La direction aimerait bien mais ça pourrait coûter cher donc…

La direction est enferrée dans une gestion stricte par les ETP. Elle s’inscrit coûte que coûte dans les objectifs assignés par la direction générale. Chaque année elle fait « mieux » que l’objectif demandé, chaque année les objectifs sont donc encore plus sévères. Une spirale infernale qu’il faut inverser. Il est maintenant du devoir des salariés de refuser cette spirale mortifère qui détruit nos programmes inexorablement. Il faut inverser la mécanique. Quand on pense que cette direction a refusé des subventions du Conseil Régional d’Aquitaine (4,5M€ sur 2012, 2013 et 2014), on peut se dire à juste titre qu’il y a une forme de faillite de nos dirigeants.

Au niveau de l’information, la cure d’économies s’appelle reconfiguration des éditions locales. Mais les moyens dévolus pour les pages métropoles seront à la baisse, car il faut dégager des ressources pour alimenter la TV low cost du matin. Ainsi, le directeur du pôle dit le contraire des rédacteurs en chef qui eux expliquent que les moyens dévolus aux pages métropoles seront inférieurs à ceux des locales intégrées. Les Métropoles sont des territoires en pleine expansion démographique. La réponse éditoriale de la direction n’est pas à la hauteur des enjeux. Là aussi il pourrait y avoir conflit !

Un changement de décor est évoqué pour les JT régionaux comme une nécessité mais pas de budget…

Seul retour an arrière, l’émission Signes du Toro semble sauver sa peau avec un maintien sur la grille et des tournages d’été qui, bien qu’amoindris, pourront permettre de maintenir l’émission. La direction affirme que tous les collaborateurs de cette émission continuent leur activité. A vérifier avec les intéressés mais cette affirmation engage la direction.

Pour Pyrénées-Pirineos par contre, c’est la douche froide. La direction explique qu’il y a un problème d’audience sur cette émission identitaire, qu’il est difficile de fidéliser sur un RDV mensuel (l’émission passe tous les 15 jours, alternance frais/rediff). Pyrénées-Pirineos reste sur la grille mais uniquement avec des rediffusions. Les personnels concernés sont donc sur le carreau. Les permanents seront envoyés vers d’autres émissions, sans doute la TV du matin. Quant aux non permanents, la direction promet une vague proposition de collaboration qui, si elle est refusée, vaudra pour une fin de collaboration. Une méthode qui risque fort d’encombrer encore un peu plus les prud’hommes…

Le directeur du pôle explique que sa « volonté est d’être plus près de nos territoires » et qu’il va essayer de « tout faire pour que l’émission poursuive sa vie », avec toutefois une « réflexion à mener sur le mode de fabrication ». Comprendre : en route vers le low cost…

Occitan : la CGT a alerté la direction sur le problème des effectifs sur l’occitan. Car sous peu, l’un des journalistes qui collabore encore environ 40% de son temps sur l’occitan ne le fera plus. La direction se dit consciente de la situation et recherche une solution. A noter que malgré une communication officielle de la direction aux salariés, la journaliste fraîchement recrutée en CDI à Toulouse, est toujours en CDD, le DRH prétextant un problème de poste non libéré. Drôle d’argument alors qu’elle ne se gêne pas pour faire venir à Limoges un JRI en sureffectif suite à une mobilité de son conjoint sur le même site. Quand on veut on peut.

Il est grand temps de sortir de cette logique mortifère qui tape à tous les étages. A ce titre, les élus ont adopté une motion en fin de CE :

MOTION du CE

France Télévisions pôle Sud Ouest

Les programmes de proximité en danger

M. le directeur, les élus ont exigé un CE extraordinaire parce que vous refusiez de leur donner des informations que vos cadres faisaient fuiter par ailleurs.

Les élus ont le sentiment que les programmes de proximité du pôle Sud-Ouest sont en danger du fait d’une gestion par les ETP encore accrue qui asphyxie nos antennes.

Ainsi, depuis plusieurs mois l’avenir de deux magazines était sur la sellette, Signes du Toro et Pyrénées-Pirineos. Si Signes du Toro semble sauvée pour l’instant, plus aucune fabrication de frais n’est prévue pour Pyrénées-Pirineos d’ici la fin de l’année. Cela met en danger des professionnels CDD reconnus de longue date et le plan de charge de la filière est en forte baisse et en danger.

Les Matinales à l’échelon des nouvelles régions et sans moyens, tournent le dos à la nécessité de promouvoir des programmes de proximité.

La direction annonce une fusion des moyens des locales intégrées dans les BRI. En l’état du projet exposé, les élus s’opposent à la suppression des éditions locales.

M. le Président, vous êtes directeur régional de l’un des 4 pôles de France 3. Votre mission contient certes une tâche de gestionnaire, mais elle est d’abord et avant tout de faire vivre nos 5 antennes régionales au service des téléspectateurs. Pour les élus le compte n’y est pas.

Le diktat de la diminution inexorable des ETP doit cesser !

Motion adoptée à l’unanimité des élus

Les organisations syndicales CGT, CFDT et SNJ s’associent

Bordeaux, le 5 mai 2015

Cette motion sera très largement relayée dans toutes les sphères de l’entreprise et à l’extérieur, car il n’y a visiblement que ce genre de moyen pour faire bouger les choses.

Pour le reste de la grille, quelques ajustements :

On dirait le Sud est reconduit en coproduction. La CGT dénonce une certaine forme d’amateurisme de la boîte de prod privée qui a planté deux fois des tournages, faute d’autorisation, les personnels se retrouvant en récup au dernier moment. L’émission pourrait passer en diffusion Midi-Pyrénées si le Conseil Régional mettait la main à la poche. Rien de sûr, à suivre…

Péché gourmand : après la visite d’un responsable national, l’émission va connaître une refonte éditoriale afin de la dynamiser.

Enquêtes de régions continue. Une refonte éditoriale sur la plaque Aquitaine Limousin Poitou-Charentes, périmètre de la nouvelle région, est prévue. De quoi réaliser encore de substantielles économies.

La voix est libre continue avec des éditions spéciales sur les élections régionales et sur les nouveaux périmètres, évidemment…

Toutes les autres émissions, Cap Sud Ouest, magazines basque et catalan, éditions locales excentrées, Carnets de vol, sont reconduites «  à l‘identique ». Les guillemets ont leur importance car la méthode, hypocrite au possible, tend à glisser si possible des rediff afin, comme toujours, de taper sur les ETP. La politique de PAE se poursuit, sans que d’objectif chiffré ne soit avancé.

La CGT va appeler dans les jours prochains à l’organisation d’assemblées des personnels, avec les autres organisations syndicales, afin d’expliquer la situation et répondre aux questions des salariés et envisager la réponse collective à donner à la direction, face à ce que nous pouvons d’ores et déjà appeler une agression sur les programmes régionaux.

Bordeaux, le 6 mai 2015

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