Suite aux pressions exercées sur les services de Documentation depuis plusieurs années, nous avons atteint aujourd’hui un niveau qui n’est plus supportable, tant pour la qualité de notre travail que celle de nos conditions de travail.
Nous nous félicitons du retour de l’Européenne de données, précieux outil de travail. C’est pourquoi la remise en cause de son renouvellement chaque année est une menace difficile à accepter. Nous demandons à la direction de ne pas procéder comme elle l’a fait en 2014 et en 2015. Nous comprendrions encore moins une telle façon de faire.
A la lecture du PV du CE du 19 mai 2015, certains des propos tenus nous ont choqués. Il semble exister une réelle méconnaissance de notre travail. C’est pourquoi nous tenons à rétablir la vérité. Car il n’est pas possible de parler de modélisation et de conditions de travail si le niveau d’information n’est pas égal de part et d’autre.
Charge de travail : la charge de travail n’a jamais été évaluée puisque la direction ne s’est jamais penchée sur la question. La direction ne sait pas encore évaluer la charge de travail induite par les Matinales. Comment est-il alors possible d’affirmer que cela n’aura pas d’impact sur la charge de travail ? Si une modélisation existe, elle ne concerne que les effectifs, pas l’organisation du travail. De plus, chaque antenne a sa propre grille de programmes, des effectifs différents, une rédaction aux pratiques variées… Comment imposer un même modèle de planification dans ces conditions ?
Plan de charge : le plan de charge n’est pas « bien rempli », il est en surchauffe. Avec la nouvelle grille de rentrée, i.media, l’évolution des pratiques professionnelles, les réseaux sociaux… la sous activité est ce qui guette le moins les services documentation, aujourd’hui comme demain. Nous sommes des professionnels de l’information, en prise directe avec les nouveaux modes de communication que nous nous approprions pour continuellement proposer de nouveaux produits à nos usagers.
Analyse des locales le lundi : faut-il encore qu’il y ait les effectifs suffisants, et pas comme à Montpellier en ce moment où la direction impose des récups pour que les salariées ne soient pas 4 plus d’un jour par semaine, ce qui ne permet en aucun cas d’absorber le travail du samedi et qui au contraire aggrave le retard d’analyse.
Ce qui n’est pas fait le samedi ou le dimanche peut être fait le lundi : certainement pas la revue de presse ou les recherches pour le JT du jour. Quant à l’analyse des JT et magazines, chaque jour génère une charge importante de travail. Le report est en théorie possible si les moyens sont en adéquation. Ce qui n’est absolument pas le cas dans les réorganisations proposées.
Lisser l’activité sur la semaine : le 19/20 du mardi n’est pas repoussé au mercredi au prétexte que le mercredi est moins chargé. C’est difficile de lisser, car l’activité est variable d’un jour à l’autre. C’est en fonction de l’actualité et des projets (préparation d’un dossier, invité ou thème d’une émission demandant plus de travail qu’habituellement…). Les demandes de statistiques pour le jour même du délégué régional et/ou de la direction du pôle (nombre d’utilisations de PRISME, nombre de sujets tournés dans chaque département, nombre de sujets tournés sur le thème de la diversité…) sont lissables elles aussi ?
L’activité est réduite le week-end, il n’y a pas grand-chose qui se prépare le dimanche : il ne faut pas confondre le travail des journalistes avec celui des vidéothécaires, qui travaillent pour partie en J+1. Le dimanche il y a le travail sur les JT et magazines du dimanche et du samedi après-midi. Quant à la documentation écrite, il y a autant de journaux à lire le samedi que n’importe quel autre jour de la semaine. Il y a également autant de journaux à lire en été.
Le système allégé le samedi fonctionne dans certaines antennes, les autres sont réticentes : ce système ne convient nulle part. Il fonctionne seulement là où existent les effectifs nécessaires.
Planification établie en fonction des besoins réels : la plupart du temps c’est faux. La planification est faite en fonction de la modélisation minimale, ce qui oblige parfois les titulaires à poser des journées d’absence pour ne pas dépasser le quota autorisé de jours de travail hebdomadaire.
Demandes exceptionnelles de « renfort », pendant les élections par exemple : les demandes ont été faites pour préparer les élections, aucune réponse positive sinon à la marge. Espérons qu’il en sera autrement pour les régionales qui demanderont un travail de coordination plus important.
Objectif 3-1-1 documentalistes par semaine : ce modèle est impossible à appliquer dans tous les services car les salariés ont différents types de contrat et des activités différentes.
Pas de bilan chiffré de l’Européenne de données : c’était pourtant l’engagement pris par la direction lors de la négociation de la saisine en 2014. Les documentalistes devaient « consommer avec modération », comme c’était déjà le cas, et la direction devait faire un suivi actif. Les documentalistes ont rempli leur part du marché.
L’Européenne de données pour faire la revue de presse : l’Européenne de données n’a jamais servi à faire la revue de presse. Cela a pourtant été dit à la direction lors de la saisine en 2014, et dans les courriers de 2015. Elle nous servait à travailler sur les magazines d’actu dont les problématiques sont parfois nationales, donc pas traitées au quotidien par les documentations régionales. L’Européenne de données donne accès à des périodiques payants non accessibles sur Internet qui sont des sources très importantes. Pressedd a effectivement un service d’abonnement pour recevoir des revues de presse à la demande. Ce n’était pas dans notre contrat aujourd’hui résilié et c’est extrêmement cher. C’est pourquoi la direction a abandonné le projet (décidé sans concertation) il y a quelques années.
L’Européenne de données mâche le travail : chercher une fois dans 10 sources plutôt que 10 fois dans une source, ça prend moins de temps. D’autant plus que le moteur de recherche de l’Européenne de données est bien plus performant que Google. Se passer de l’Européenne de données, c’est autant de temps de perdu pour absorber le travail non fait le samedi.
Abonnement aux journaux régionaux : le traitement est différent en fonction des antennes puisque chaque territoire a son propre groupe de presse. Chaque groupe de presse a sa propre politique tarifaire. La Dépêche du Midi c’est vrai, propose des abonnements numériques accessibles avec un code qui est distribué aux journalistes, contrairement à Sud Ouest à Bordeaux.
Utilité réelle de l’Européenne de données compte tenu des différents abonnements existant à la presse régionale ou nationale : pourquoi dans ce cas ne pas avoir supprimé les abonnements aux journaux régionaux et nationaux pour ne conserver que l’Européenne de données ? Une recherche sur un moteur généraliste ramène beaucoup de réponses. C’est comme d’envoyer un mail à tout le personnel de FTV juste pour savoir si M. X est disponible pour une réunion. L’Européenne de données ne fait pas le travail des documentalistes. C’est un outil. Au même titre qu’une caméra ne fait pas le travail du journaliste, c’est aussi un outil.
Travail des documentalistes sur la revue de presse : regarder la mise en page, récupérer un article par le biais d’un algorithme… ce n’est absolument pas la définition du métier de documentaliste et encore moins la réalité du travail fourni. La difficulté ce n’est pas de faire travailler l’algorithme, c’est de trouver des sources pertinentes. Taper « grand stade de Bordeaux » n’est pas une question pertinente parce qu’elle est beaucoup trop large. La quantité de documents générés est bien trop importante. Tout le monde est capable de Googler. Mais c’est un métier que de faire une recherche pertinente et de trouver rapidement les bonnes réponses.
Tout cela a déjà été dit et expliqué lors de la négociation de la saisine.
Les documentalistes ne sont pas en souffrance : c’est pourtant l’exact contraire que nous dénonçons depuis des mois au travers de nos mails et motions restés sans réponse. Le métier est cassé, les réorganisations proposées n’ont pas de sens professionnel… C’est une souffrance réelle qui, si elle continue à être niée par la direction, fera des dégâts. D’où l’importance d’entamer d’urgence un débat constructif avec les personnels, sans filtre managérial.
Nous demandons instamment l’abandon des réorganisations de nos services et le retour pérenne de l’Européenne de données.
Bordeaux, Limoges, Montpellier, Poitiers et Toulouse, le 24 juin 2015