Une nouvelle ère ?

 

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Déclaration Cgt CE du pôle Sud-Ouest du 22 septembre 2016

Nous ne sommes pas passés loin de la fermeture de FranceInfo:. En l’absence d’accord, le jugement du 13 septembre devait s’appliquer immédiatement. L’arrêt était donc inéluctable, le temps de négocier sur les métiers de la chaine.

Ce genre de négociation prend des semaines voire des mois. FranceInfo: ne s’en serait pas remise. L’audiovisuel public non plus car il aurait démontré son incapacité à porter un projet commun de développement dans une entreprise, à France télévisions, qui n’en pas plus depuis des lustres…

Sans parler des personnels, dont beaucoup sont encore en période d’essai et qui auraient pris la direction de pôle emploi, y compris les CDI récemment mutés, la loi Travail le permet.

Dans un contexte de forte remise en cause du service public du côté de l’Etat, que la droite prévoit encore d’accentuer en cas d’alternance, l’enjeu était donc vital en terme d’image de France Télévisions et de légitimité sociale, notamment envers les jeunes publics sur le numérique.

Il n’était pas question pour nous de jouer les apprentis sorciers. La Cgt et Fo ont donc choisi une autre voie, celle de la responsabilité, celle de se donner du temps pour négocier tout en permettant à franceinfo: d’exister, en cadrant, par accord d’entreprise, une expérimentation.

La direction a maintenant une obligation, celle d’aboutir à un accord sur les métiers de franceinfo: faute de quoi ce sera retour à la case départ. Cela met les Organisations Syndicales plutôt en position de force dans la négociation. Mais l’essentiel n’est pas là, il est plutôt dans la méthode innovante mise en place : celle de groupes de travail métiers in vivo qui permettront de définir au mieux et au plus près du terrain le modèle franceinfo:. Ce ne sera (ce n’est déjà pas) ni BFM, ni une organisation classique mais un entre deux, ajusté au modèle franceinfo:.

La désormais fameuse CASMOA du CCE (Commission d’Analyse, de Suivi, de Mise en Œuvre et d’Ajustement), dotée de véritables moyens de contrôle, va donc poursuivre son travail et s’atteler aux différents problèmes posés par cette nouvelle offre publique d’information : la qualité du son, de l’image, l’inversion du modèle Télématin, le montage, la qualité de la diffusion etc…

Pour chaque thème, des groupes de travail de salariés concernés pourront être mis en place. Cela fera l’objet de conclusions qui seront débattues en CASMOA mais aussi en CCE et au final versées à la négociation en vue d’aboutir à un accord spécifique sur les métiers de franceinfo:.

Il faut une certaine dose de courage pour sortir des postures. Le pragmatisme l’a finalement emporté face au corporatisme qui plombe cette entreprise. Et c’est tant mieux.

Car l’objectif réel de certains n’est pas d’empêcher le montage par les journalistes. Ils ont d’ailleurs indiqué en réunion de négociation que cela était une partie intrinsèque du métier reconnue par la commission de la carte de presse. Leur véritable objectif est en réalité de barrer la route à toute reconnaissance de compétence éditoriale pour les monteurs et pour les PTA en général. Le corporatisme dans sa plus belle expression.

 

Une forme innovante d’exercice du dialogue social commence à prendre doucement de l’ampleur. Le groupe de travail de Bordeaux (et de Grenoble) sous l’égide de l’Anact (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) en est un autre exemple. Une sorte de travail préparatoire des négociations qui s’appuie sur la plus grande expertise qui soit : celle des salariés eux-mêmes. Ensuite vient le temps de la négociation au cours de laquelle chacun doit prend ses responsabilités.

Certes les choses sont toujours perfectibles, notamment la transparence de fonctionnement de ces groupes de travail mais il y a désormais une suite possible à l’avis obligatoire des Instances sur les projets de la direction. Et la CASMOA en est une parfaite illustration.

Le couperet des délais prefix de consultation, imposé par la loi Rebsamen, peut ainsi être surmonté au profit d’un dialogue social constructif, bénéfique pour toutes les parties, employeur, syndicats mais aussi, et surtout, au final, pour les salariés.

Encore faut-il s’en donner les moyens ! Encore faut-il y croire ! Le management traditionnel, hiérarchique, que nous connaissons en région a du plomb dans l’aile, nous changeons d’ère ! Les logiques collaboratives gagnent du terrain et c’est le vivre ensemble qui progresse au travers d’une forme de renouveau du dialogue social en interne à l’entreprise.

C’est dans cet esprit que la Cgt veut aborder la réorganisation du réseau France 3. Nous avons nous aussi, dans le cadre de l’expertise IC-CHSCT, initié la mise en place de groupes de salariés, sur les thèmes de l’autonomie et du numérique ainsi que sur les métiers directement impactés par cette réorganisation. Ce sont les voix des salariés, administratifs, techniciens, journalistes, cadres ou du secteur artistique, qui vont exprimer leurs envies, leurs regrets, leurs craintes, leurs espoirs et surtout leurs solutions.

Nous espérons là aussi pouvoir avoir un dialogue constructif avec la direction pour infléchir, si besoin, certains aspects de ce projet.

Bordeaux, le 22 septembre 2016

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